Créé il y a 11 ans, le Festival Art Souterrain est une grande exposition d’art contemporain qui investit plus de 6 km de souterrain et 8 lieux satellites.

Pour cette 11e édition, Frédéric Loury, directeur général d’Art Souterrain, a invité les commissaires Maude Arsenault, Martin Le Chevallier et Joyce Yahouda à se questionner autour de la thématique Le Vrai du Faux.

Durant trois semaines, des expositions d’artistes locaux et internationaux et des activités de médiation seront à découvrir dans un parcours souterrain et un parcours satellite. Gratuit et ouvert à tous, le festival est l’un des événements majeurs de la saison hivernale à Montréal qui anime le quotidien de plusieurs milliers de personnes.

LE VRAI DU FAUX
Alors que notre société et nos comportements se digitalisent et qu’il n’a jamais été aussi simple d’avoir accès à l’information, il nous devient de plus en plus difficile de discerner le vrai du faux. Multiplication des médias digitaux, démocratisation du journalisme, développement de nouveaux outils numériques permettant de modifier le réel ; l’hégémonie d’Internet nous pousse à sans cesse remettre en question ce qui, de prime abord, nous apparaît comme réel ou vrai. Les réseaux sociaux incitent ses utilisateurs à se forger une mythologie individuelle, à cultiver une image de soi qui se veut la plus proche possible de l’idée que l’on se fait de la perfection, provoquant envie et jalousie. A une époque où la possibilité nous est donnée de sélectionner le réel, la frontière entre fiction et réalité se trouble. Loin de contredire cette tendance, les artistes participent activement à ce jeu avec le réel. En effet, l’art n’est-il pas, par essence, une illusion du réel, une manière de tour à tour le représenter, le nier et l’interroger? Les artistes se doivent-ils de dire la « vérité »? Le « vrai » est à la fois universel et subjectif : il relève de ce qui est naturel, ce que nous reconnaissons tous comme authentique, et de ce que nous ressentons et percevons personnellement. Est « faux » ce qui vient transgresser le réel. Cette transgression peut s’opérer pour diverses raisons. Pour des raisons artistiques, en faisant sortir l’art de la représentation fidèle de la réalité ; politiques, par l’usage de la propagande ; humoristiques, en trompant le réel pour provoquer la surprise chez l’auditeur ; révélatrices, en mentant pour révéler une vérité ; ou encore commerciales, en manipulant autrui pour provoquer un investissement financier.

Crédit texte : Claire Denèle